Abstract: Les grottes ornées impressionnent par l'ampleur et la force des oeuvres pariétales. Mais il ne s'agit que de la face spectaculaire d'une fréquentation probablement plus diversifiée des milieux souterrains. Depuis plusieurs années, l'étude de plusieurs sites emblématiques (grotte Chauvet, Nawarla Gabarnmang, grotte de Bruniquel) a démontré la modification volontaire de ces espaces par les sociétés et a ouvert la porte à de nouveaux regards sur l'appropriation spatiale des sites ornés, au cours du temps. La Galerie Inférieure de la grotte de la Garma (Cantabrie, Espagne), fermée par un effondrement du porche à la fin du MIS2, a permis une conservation exceptionnelle des sols : ossements, sols d'occupation, empreintes, art pariétal, spéléothèmes brisés, mais aussi structures anthropiques. Si ces dernières ont été étudiées dès leur découverte en 1995,
une approche intégrée basée sur un inventaire exhaustif des morphologies, dépôts et vestiges de la galerie et de leur superposition constitue un outil pertinent d'analyse de ces modifications anthropiques, parfois importantes, de l'espace investi par les sociétés passées. Au-delà de l'identification du geste humain en lui-même, une approche cartographique à haute résolution peut également permettre de discuter la cohérence spatiale de ces actions, leur complémentarité, leur chronologie et leur rapport au volume dans lequel ils s'insèrent. À terme, au-delà d'une documentation exhaustive, l'objectif de ce travail est de donner à voir l'héritage morphologique de l'humain dans le paysage souterrain et souligner la diversité des formes d'appropriation de l'espace souterrain par les sociétés anciennes.